La Ferme des caprices de Sidonie

Notre chère et tendre 4L tient le coup ! Et cette semaine elle nous a conduit jusqu'à la ferme des caprices de Sidonie. Située dans l'Aisne, cette exploitation multisectorielle opère culture, élevage, transformation, vente et même évènementiel. 

Plongez avec nous au cœur d’un modèle de réussite fermière en pleine expansion qui n’a pas fini de nous surprendre.

En 30 secondes ça va être dur ! Car Héléna et Thibault Calis, ils en font des choses sur leur ferme. D’abord, ils élèvent vaches à viande et ragondins (myocastors), mais ils cultivent aussi une centaine d'hectares de terres, dont une partie des céréales est transformée directement dans leur atelier de fabrication de pâtes. De plus, ils organisent une multitude d'événements à la ferme ce qui leur permet de vendre 100% de leur production en direct !

En fait, la ferme des caprices de Sidonie c’est un peu comme un orchestre : il y a tellement d'activités différentes que l’on se demande comment tout peut être si bien coordonné ! Et pourtant, tout est méticuleusement pensé : chacune des activités tourne remarquablement bien, et mieux encore, elles se complémentent entre elles.

En continuant à nous lire, tu découvriras la multitude de productions organisées par Thibault et Helena et comment grâce à une programmation massive d’événements ils parviennent à écouler tout cela.

La ferme des caprices de Sidonie est cogérée par Héléna et Thibault, un jeune couple d’ingénieurs agronome qui ont récupéré la ferme familiale des parents de Thibault en 2011.

Une ferme historiquement reconnue pour son élevage de myocastors 

La ferme des caprices de Sidonie existe depuis plusieurs générations. Gérard, le père de Thibault, était déjà éleveur de vaches Charolaises mais également de myocastors, plus connus sous le nom de ragondins ! Croyez-nous ou non mais l’élevage de ragondins s’élevait à l’époque parfois jusqu’à 400 bêtes et les canaux de valorisation étaient nombreux : viande pour les pâtés, dents pour les bijoux, pelage pour la fourrure et même peau pour la maroquinerie ! Le marché s’étant peu à peu écroulé, cet atelier ne s’inscrit plus dans la stratégie économique de la ferme et les effectifs ont diminué. Thibault et Héléna restent tout de même attachés à ces petites bêtes qui ont fait la renommée de leur ferme et ont toujours une quarantaine de myocastors dont ils ne valorisent plus que la viande.

Le choix de la race Salers

Durant son adolescence à la ferme, Thibault a connu les ragondins mais également les vaches de race Salers. Originaire du Cantal, cette race avait déjà séduit son père de par sa qualité maternelle et bouchère. La Salers est une vache qui présente une rusticité et une résistance aux intempéries précieuse. Sa conformation trapue et sa peau épaisse la protège des insectes et donc a fortiori de la contamination par les virus. De multiples atouts ayant développé une véritable passion pour la race chez Thibault qui a décidé de developper davantage l’élevage de ses vaches et le succès est au rendez-vous !

“Je dois augmenter mes capacités de vente tellement j’ai de demande”

Il serait péjoratif de dire qu’il est "victime" de son succès mais cela en dit long sur la réussite du modèle. Pour ce qui est du circuit-court, l’abattage se fait à une petite heure de sa ferme et le reste c’est lui qui gère : préparation de colis, transformation, vente ! De quelques dizaines à presque 90 Salers désormais, Thibault vend 33 vaches et 33 veaux par an, un chiffre énorme qui dépasse largement la capacité d'autres confrères éleveurs. Impressionnant non ?

Un atelier de fabrication de pâtes

Une autre idée qui leur trottait dans la tête depuis longtemps. C’est durant leurs études que le couple a découvert la fabrication de pâtes à partir de céréales de la ferme. Avec pour idée en tête de mieux valoriser le blé et étoffer la gamme de produits de la ferme, leur projet a vu le jour en 2021. Les objectifs étaient de produire 1 tonne la première année et d'augmenter progressivement. Mais rebelote, "victimes" de leur succès, ils ont finalement produit 8,5 tonnes dès la première année et carburent à environ 14 tonnes aujourd’hui. Soit un équivalent céréales de 3 ha de blé transformés ! Cet atelier est certes assez chronophage mais propose une valorisation énorme du blé. Si on compare, le blé était valorisé sur le marché à 210 euros la tonne en septembre 2025 contre plus de 4 000 euros la tonne via l’atelier de fabrication de pâtes artisanales (en prenant en compte les coûts de production).

Le choix de la vente directe

100% de la viande et des pâtes sont vendus en direct sur la ferme ! Cette prouesse est permise, entre autres, par le magasin à la ferme où sont proposés colis de viande, plats préparés et pâtes sous toutes leurs formes : fusillis, tagliatelles, pâtes aromatisées ou encore pâtes en vrac pour les prévoyants qui sortent jamais sans leur tup’. La fabrication de pâtes artisanales par Helena vient en fait compléter la gamme de produits proposée par Thibault avec, au bout du compte, un repas prêt à cuisiner dans le panier !

Les atouts de la vente directe, on commence à les connaître. Premièrement, c’est un moyen pour Thibault et Héléna de maîtriser leurs coûts mais c’est aussi une façon précieuse de partager avec leurs clients les secrets de fabrication, la spécificité de chaque produit et les recommandations du consommateur. 

Vous l’aurez compris, la ferme des caprices de Sidonie est un véritable modèle de circuit-court qui casse le stéréotype des petits volumes de la vente directe avec 14 tonnes de pâtes et 70 bêtes par an. 

En continuant à nous lire, tu découvriras comment Thibault et Helena parviennent à écouler toute cette production et tu vas voir c’est rock ! 

Tantôt étable, tantôt concerts, une ferme aux milles facettes !

Héléna et Thibault organisent 4 événements par an sur leur ferme et pas des moindres ! Un marché de Noël, une grande porte ouverte, une fête de la Salers et une fête des pâtes. Mais là on ne parle pas de petits événements ! Chacun des 4 événements accueillent plus de 2000 personnes. Fallait y penser mais lorsque les vaches sont à l’herbe, les bâtiments sont vides ! L’occasion pour les fermiers d’y installer un marché d’une trentaine de producteurs locaux, une scène de concert, un bar mais c’est aussi l’occasion pour le couple de s’occuper du repas. Évidemment, un repas maison, cuisiné à partir des produits de la ferme : Veau à la broche, burger ou même pasta box !

“Ces événements, c’est la clé de notre réussite” 

Outre les centaines de repas valorisés à 10 € chacun. Ces événements sont aussi des journées où le magasin tourne à plein régime ! Thibault nous a par exemple confié vendre pour plus de 5 vaches et 5 veaux de viande lors de leur événement phare : la porte ouverte. Quand on y ajoute les 3 autres dates, la viande vendue à l’occasion de leurs événements représente plus de 42 % de leur production. C’est énorme ! 

Ces événements sont aussi un coup de projecteur fort sur la ferme ! En venant y participer, vous déjeunerez sur place, repartirez avec quelques produits, et hop, vous voilà convaincus par la viande ou les pâtes de la ferme, vous reviendrez ! Et croyez-nous, difficile de remettre des Panzani dans sa casserole une fois qu’on a goûté aux pâtes d’Héléna..

“Avec un événement tous les 3 mois, les gens ne nous oublient pas”

On vous avez pas menti, tout est soigneusement pensé et orchestré à la ferme des caprices de Sidonie. Faire 4 événements par an c’est l’occasion d’en faire 1 tous les 3 mois, une bonne manière de répartir le temps de travail mais surtout que la ferme reste dans la tête des consommateurs. 

“Des semaines de 90h, ce n’est pas rare ici”

Il ne faut pas se leurrer ! Organiser 4 évènements qui accueillent plus de 2000 personnes c’est du boulot, et pas qu’un peu. Il faut transformer la ferme ! Installer la salle de concert, le bar, la cuisine, les tables, etc. Mais pas que ! Ces évènements demandent beaucoup de communication et se faire un nom c’est pas évident : réseaux sociaux, panneaux publicitaires et même court passage dans des radios locales. Une renommée qui avait déjà été bien travaillée par l’ancienne génération qui accueillait déjà des groupes scolaires !

Cette semaine encore, nous nous sommes rendus compte que la vente directe et les moyens que les agriculteurs se donnent pour y arriver, c’est beaucoup de temps et de charge mentale. Être au magasin pour recevoir un client c’est du temps en moins dans les champs pour cultiver la terre. La diversification a un prix et Thibault confie qu’il serait plus performant avec un salarié à plein temps afin de le délester. 

Et ce n'est pas fini !

Thibault et Héléna voient grand pour leur ferme ! D’abord ils veulent produire plus ! Répondre à leur demande pour que chacun désirant un paquet de pâtes ou un steak haché puisse repartir avec et quand il le souhaite ! Mais ce n’est pas tout, des projets de nouvelles activités sont également dans la tête du jeune couple plein d’ambition. Par exemple l’idée de redévelopper l’identité pédagogique de la ferme, accueillir de nouveaux animaux, et être capable de recevoir de grands groupes ! Des idées qui donnent envie de revenir dans 10 ans pour voir où en est la ferme !

Nous avons été impressionnés de voir les rouages de ce modèle de vente 100% directe qui, pourtant assez loin des grandes villes, cartonne ! Grâce à une programmation massive d’événements, la ferme des caprices de Sidonie est devenue un lieu dynamique voire culturel dans l’imaginaire des gens. Thibault et Helena nous ont convaincus que faire rentrer les fermes dans le quotidien des gens était en fait une clé pour intégrer une alimentation plus saine et plus locale dans leur assiette. Une belle initiative pour reconnecter les bassins de consommation aux bassins de production, 2 camps souvent en incompréhension.

Il donne envie d’être écouté cet orchestre non ? ;)